Aimerais-tu découvrir comment interposer une limite et accueillir les larmes de ton enfant peut lui permettre de retrouver son humeur joyeuse et détendue ?
“Une amie et moi passions nos vacances ensemble, avec nos cinq enfants de trois à six ans, à nous deux. Nos enfants ne se connaissaient d’ailleurs pas avant ces vacances.
Cela faisait donc quelques jours que nos amis étaient arrivés et à plusieurs reprises j’avais perçu un peu de tristesse ou de contrariété chez mon fils Lucas. La veille, il avait eu du mal à accepter que je quitte sa chambre avant qu’il ne se soit endormi ; puis je l’avais senti un peu chagriné ce matin là, au réveil. Il avait le visage fermé et se cachait dans un coussin. J’ai donc pris quelques minutes à proposer du Jeu-écoute pour me connecter avec lui, mais sûrement pas aussi longtemps qu’il en avait besoin.
Un peu plus tard, nous étions donc en train de nous mettre tous à table pour le petit déjeuner et Lucas ne s’est pas trouvé satisfait de la place qui se présentait à lui à priori. J’ai donc vérifié avec lui quelle place lui conviendrait, à côté de qui il voulait s’asseoir et nous avons facilement trouvé un arrangement. Puis il a dit : “Mais je voulais le bol jaune, comme Diego”.
Là j’ai commencé à me dire qu’il y avait peut être bien un besoin de connexion et quelques émotions pas loin… Mais quand même puisqu’il y avait un autre bol jaune très similaire à la table, je le lui ai proposé. Sauf que cet autre bol jaune avait une rainure bleue sur le bord et qu’il ne lui convenait donc pas du tout…
A ce moment là, il m’a semblé opportun de poser une limite. Je me suis déplacée doucement près de Lucas, et comme il était assis sur sa chaise, je me suis agenouillée de façon à pouvoir le regarder dans les yeux. De là je lui ai dit gentiment : “Il n’y a pas d’autre bol jaune comme Diego”…
Lucas s’est immédiatement mis à pleurer. C’était un pleur très doux, mais profond et les larmes coulaient sur ses joues. Ce jour là, j’ai senti de la tristesse derrière ses pleurs.
Quelques fois j’ai insisté sur le “prétexte” qui l’avait amené à pleurer en lui disant : “Une autre fois tu pourras avoir le bol jaune” ; “Je suis désolée que tu ne puisses pas utiliser le bol jaune ce matin”. Ces mots lui ont donné un prétexte contre lequel buter, lui donnant la pleine permission de pleurer autant qu’il en avait besoin.
Lucas a continué de pleurer ainsi quelques minutes et je suis Restée-écouter. Il s’est arrêté de lui même comme si le nuage de pluie était passé et je l’ai alors senti très léger. La suite du petit déjeuner s’est déroulée de façon très détendue et je dirais même que j’ai trouvé Lucas particulièrement joyeux, posé et coopératif tout au long de la journée !”
Pourquoi cela fonctionne :
Parfois, les nouvelles situations peuvent être déstabilisantes pour les enfants, même s’ils sont incapables de l’identifier ou de vous dire pourquoi. Vous remarquerez que c’est le cas s’ils commencent à s’écarter du droit chemin. Au lieu d’être joyeux et plein d’entrain, vous les verrez se comporter de façon anormale, comme vous l’auriez souhaité. Ils peuvent devenir distant, agressif, collant ou chercher à attirer l’attention d’une autre manière. Ces signes vous signalent : “Au secours ! Tout ne va pas bien”.
Le rire est un excellent moyen d’évacuer le stress et un premier port d’appel parfait. Chloé a essayé le Jeu-écoute, en essayant de faire naître le rire. Des jeux comme “chassez l’insecte grognon”, où vous le prenez dans vos bras et “fouillez” son corps à la recherche de l’insecte grognon, peuvent les faire sourire, tout comme les jeux physiques.
Mais si cela ne permet pas de déloger les sentiments refoulés, le comportement se poursuit. Interposer une limite chaleureusement, comme Chloé l’a fait à propos du bol jaune, permet de donner à un enfant une raison de pleurer et un espace pour évacuer tous les sentiments désagréables qui le dérangent. C’est pourquoi Lucas a pu poursuivre sa journée de manière plus détendue et plus légère.